Chantre valable du développement allemand aux côtés des vieux briscards de Blue Byte, Phenomic Studio aborde désormais la seconde étape de son parcours. Spellforce s'est affranchi de ses grosses références, Warcraft 3 et Sacrifice en tête, pour devenir à son tour influent. Mais le temps passe et le mélange entre jeu de rôle et stratégie n'est désormais plus aussi étincelant qu'il y a 3 ans. On se demande donc quelle voie de sortie le studio germanique a décidé d'emprunter pour faire monter en puissance sa série en devenir.
Spellforce 2 crée le décalage dès son entame avec l'élaboration de son personnage. Nom, apparence, sexe, et tournez manège, point de classe ou de compétences à choisir. De fait, vous avez intérêt à bien connaître le peuple qu'on vous impose, les Shaikans. Les origines particulières de cette race ont une influence sur le visage de votre quête. Créé par un alchimiste soumis aux Ombres (les grands méchants de la saga), et lié au puissant Dragon Ur, le sang des Shaikans profite de ces multiples associations, pour le meilleur comme pour le pire. Dans l'univers de Spellforce 2, cette faction est considérée comme neutre. Même si les autres peuplades la regarde d'un oeil craintif ou méfiant en raison de son trouble héritage, elle reste impassible aux sirènes du mal grâce à la conduite loyal du Dragon Ur qui la dirige désormais. Mais les Ombres sont de retour et planifient, avec l'aide des Elfes Noirs, une invasion sans partage d'Eo, ce monde où 9 races, dont toutes celles citées précédemment, s'agitent bruyamment. Et là est votre destinée, et aussi le fil directeur de vos différentes missions : prévenir et unifier les races ayant réussi à faire basculer une première fois les Ombres.
La lignée des Sheikans a toujours quelques petits problèmes avec sa conscience.
Spellforce 2 est de même porté par une structure sensiblement similaire à son aîné. Le titre ne se prive ainsi pas de mélanger les différentes factions de son univers au sein de vos armées. De nouveaux héros et de nouveaux compagnons vous rejoignent aussi, ces derniers pouvant néanmoins se séparer de votre groupe à tout moment. Des entités beaucoup plus conséquentes vous accompagneront ponctuellement, comme les fameux Titans. Bref, la structure même du jeu reste similaire, et le titre joue très bien avec les différents éléments pour renouveler le gameplay et proposer une courbe de difficulté cohérente.
Vous pouvez voir ici un de mes compagnons m'abandonner tandis que plusieurs PNJ veulent me parler.
Cette suite impressionne par la générosité de son contenu et sa finition qui tirent grandement le titre vers le haut. L'arbre des compétences et des sorts que vous développez à chaque montée de niveau est étendu. La campagne solo est vraiment longue, et amplifiée par une nombre de quêtes secondaires bien supérieur aux attentes. Celles-ci se permettent même de compter plusieurs étapes dans certains cas. Les cartes se font plus vastes au fil de l'aventure, et recèlent coins perdus, trésors et même petits mécanismes. Ces derniers peuvent être liés à de la récolte d'objets, comme à une simple longue-vue vous permettant d'observer un champ de bataille situé au loin. Si le challenge est bien mené, c'est aussi grâce aux nombreuses variations de situations, qui changent décors, contexte et gameplay. D'une mission classique de STR en pleine campagne, vous passerez rapidement à de l'exploration "hack and slash" à la Diablo dans une grande mine nain, ou à une campagne d'invasion Napoléonienne entre de hautes montagnes, le tout confortablement assuré par une technique qui assure, sans être tape-à-l'oeil. Graphiquement, le jeu sera très propre et mignon comme tout sur un grand parc de machines. Même constatation pour les animations, souples et réalistes. Sur une bête de course, Spellforce 2 se montre même vraiment charmant, et n'a certainement pas à rougir face à Age Of Empire 3, par exemple.
Le jeu est graphiquement très sympathique.
Le titre est donc très bien fini, comme l'atteste aussi la refonte de l'interface, qui rend l'utilisation du "Click'n Fight" définitivement indispensable. De simples pressions sur TAB vous permettront d'assigner rapidement et stratégiquement les unités les plus adéquates sur des cibles bien précises. Associé à la définition des groupes, ce système prouve vraiment son efficacité dans le cas de grosses armées, et absout d'ailleurs tous problèmes de lisibilité. Le système de marquage des quêtes dans le journal et sur la carte est efficace, et la disposition des portails pour éviter les déplacements à pied toujours pertinente. Le jeu a aussi gagné en ergonomie avec quelques bonnes idées, comme la fabrication de péons "spécialisés" qui iront directement récupérer les ressources qui les concernent. On pense aussi aux marquages dans les descriptions des objets qui, sans permettre un tri vraiment efficace, simplifient grandement l'assignation à nos différents héros. Spellforce 2 n'est toutefois pas complètement poli. La sélection des unités est quelque peu pénible, on a l'impression qu'il faut laisser le clic gauche appuyé pour les valider. Le fait que seul votre héros puisse franchir les portails fait perdre pas mal de dynamisme au jeu dans les missions où les quêtes se trouvent à droite et à gauche de la carte. Enfin, l'impossibilité de pouvoir effectuer des rotations de la caméra pendant ses déplacements est assez étrange et rend la manipulation de celle-ci un peu rigide.
Vous serez rapidement accompagné par des masses de chairs bien utiles.
La balance est donc très bonne et, de toute façon, Spellforce 2 est très clairement une suite honorable, qui satisfera pleinement les fans de The Order Of Dawn. Mais, le titre n'est justement pas vraiment davantage qu'une forme de copie carbone du premier en amélioré et en plus propre. Le problème c'est que si on pouvait pardonner au titre de 2003 la platitude de son design visuel ou les repompes de parties entières du Seigneur Des Anneaux, cet aspect, qui est de retour dans Shadow Wars, ennuie, voire agace. Les personnages sont prévisibles de la première à la dernière minute, les musiques d'un classicisme et d'un ennui saisissants. Le chapitre des voix est même à part, puisque le doublage de certains personnages (le Dragon Ur en tête) est à mourir de rire, entre parodie tirée de South Park et bande-annonce grossière pour un remake 2006 de Conan le Barbare. Je disais que la progression est variée, certes, mais on ne s'éloigne jamais, ô grand jamais, du cadre conventionnel de l'Heroic Fantasy vu par Dongeons & Dragons. De la même manière, la direction artistique est soignée mais tellement convenue... Phenomic s'est fendu d'un background scénaristique conséquent mais tellement pompier et épique que le manque de relief et d'originalité est criant. Le joueur, même fan d'heroic fantasy, risque d'être rapidement gavé, et de décrocher du scénario pour ne plus se contenter que du gameplay. Le jeu perd alors grandement de sa superbe car le fait de mélanger STR et RPG est précisément un mix qui permet de plonger le joueur dans les détails les plus infimes d'un univers comme dans ses guerres les plus immenses. A condition que cet univers soit suffisamment accrocheur. Phenomic a besoin d'autres ambitions "artistiques" s'il veut parvenir à ce formidable résultat.
Graphismes Spellforce 2 est charmeur. Sans agressivité ni timidité, le rendu du titre est fin et accrocheur. Les animations sont agréables à voir et certaines petites friandises, comme des ombres dynamiques assez complexes, donnent vraiment du cachet à tout cela. 18/20
Jouabilité Profitant d'une refonte de l'interface, le jeu est plus agréable à prendre en main. Le système Click'n Fight montre toute son utilité dans les configurations de combat. Très variée, bien rythmée, la progression du joueur est une petite merveille. Certaines petites subtilités apportent chacune leur part de bonheur au côté RTS comme RPG. Il y a malgré tout encore de très légers problèmes de finitions. 17/20
Durée de vie La campagne solo doit bien compter 50 heures de jeu pour l'ensemble des quêtes. C'est vraiment très grand, d'autant plus que vous pourrez compter sur un mode multijoueur et des campagnes en mode coopératif. 18/20
Bande son Vraiment limitée, la musique ne décolle jamais. L'ensemble des thèmes est à l'image du chant principal, court et pas mémorable. Là où un titre comme Oblivion tente une alternative aux grosses caisses et aux trompettes, Spellforce 2 semble un peu bloqué. Les bruitages sont corrects, mais les voix en français sont catastrophiques, vraiment. 13/20
Scénario Si la trame principale est convenue, c'est surtout l'ensemble de l'univers qui souffre d'un manque cruel d'imagination. Rien de rien ne surprendra celui qui n'a ne serait-ce que lu Le Seigneur Des Anneaux ou qui a déjà parcouru une oeuvre autour de Dongeons & Dragons. Cette médiocrité nuit grandement au gameplay disposant pourtant des clés pour vraiment inciter le joueur à se plonger dans Eo. 10/20
Note Générale Spellforce 2 est d'un côté un jeu très riche, très accrocheur si on ne tient en compte que les mécanismes ludiques. Shadow Wars justifie son statut de suite grâce à plusieurs améliorations ergonomiques et techniques et l'élimination de certains défauts gênants. Mais Spellforce 2 est aussi un jeu un peu routinier qui fait à peine frémir les sens. Son univers est d'une banalité regrettable, et peine à aviver l'intérêt du joueur pour ce monde. Il manque encore ce petit plus de je-ne-sais-quoi dans la création artistique pour que la saga de Phenomic s'impose complètement. Cela dit, le titre ne mérite pas une conclusion négative car il ravira parfaitement la plus grande partie des amateurs du premier opus. 15/20
Editeur :
JoWooD
Développeur :
Phenomic
Type :
Jeu de Rôle/Stratégie
Support :
DVD
Multijoueurs :
Oui
Sortie :
07 avril 2006
Version :
Textes et voix en français
Config minimum :
Pentium IV 1,5 Ghz, 512 Mo de Ram, carte vidéo 128 Mo, Windows 2000/XP
Config conseillée :
Pentium IV 2,5 Ghz, 1 Go de Ram, carte vidéo 256 Mo, Windows 2000/XP
Classification :
Déconseillé aux - de 12 ans